Un Belge peut difficilement posséder légalement une arme chez ou sur lui, même pour se défendre. Pourtant, un Belge peut vendre des armes à l’étranger avec l’approbation du gouvernement et le soutien d’une grande partie de la population. Même quand ces armes sont utilisées par des dictatures contre des populations civiles. Après tout, qui se doute que le vendeur d’armes dépeint dans le film Lord of war est inspiré en réalité… d’un belge? Après les particuliers ou la police, intéressons-nous à l’un des fleurons de l’économie wallonne, à savoir (vous l’aurez deviné) la fameuse Fabrique Nationale.
En 2011, la Belgique se positionnait en neuvième position des pays européens exportateurs d’armes (après des grandes puissances comme la France, l’Angleterre ou l’Allemagne) avec un score honorable de 834.555.000 d’euros engrangés. Notre pays se hisse même sur la deuxième place du podium concernant les armes légères, les armes de petits calibres et les munitions. Mais surtout concernant les armes à feu militaires, selon le rapport du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP). De quoi être fier?
Tout dépend du point de vue. Il n’est pas difficile de croiser des citoyens belges effectivement très fier de ce succès. « Les autres pays vendent aussi des armes, non? Alors moi je suis fier que la Belgique soit dans le top de ce domaine, qu’on soit presque les meilleurs, je trouve ça génial! Et en plus, ça crée de l’emploi à Liège et avec la crise, on en a bien besoin! » s’énerve Pascal (qui travaille pourtant dans le secteur des montres de luxe). Car la FN emploie pas moins de 2400 personnes via sa maison-mère située à Herstal, grâce à de gros contrats notamment sur son produit phare (la mitrailleuse SCAR que l’on retrouve même dans les jeux vidéo) et avec des partenaires de prestige (l’armée des USA ou feu Khadafi).
L’argument invoqué concernant le sort de milliers de victimes d’armes à feu dans le monde face aux 2400 chômeurs potentiels ne suscite pourtant que la colère et l’indignation auprès des ardents défenseurs de l’entreprise. On ironisera en se disant, qu’au moins, la FN n’est pas flamande (contrairement à la majorité de l’armée belge).